Il y a quelques mois, j’avais commencé à rédiger un article sur la consommation d’alcool, en l’occurrence la mienne, qui devenait irraisonnable, toute occasion étant bonne à fêter. J’ai mis l’article à la poubelle, frustrée, car j’avais décidé de réduire. Ca n’a pas marché du tout bien évidemment. Une diminution de l’alcool ne peut jamais marcher. En effet, c’est un produit addictif qui nous incite à augmenter notre consommation de jour en jour.
Le craving : forte envie de reboire
Au bout de 24 à 48 heures a lieu le craving qui est une forte envie de revenir à la substance. Cette notion de « craving » existe pour tous les types de drogue et peut persister plusieurs semaines après l’arrêt pour l’alcool.
Surconsommation et mon surpoids
Ma surconsommation d’alcool (overdrinking en anglais) m’a fait grossir. Beaucoup. Mi juillet, j’avais un surpoids de 18 kg. Je crois car j’avais arrêté de me peser depuis plusieurs mois. Plus aucun vêtement ne m’allait. Je fuyais mon reflet dans le miroir, j’étais comme gonflée à l’hélium et les kilos supplémentaires s’enchainaient, irrémédiablement. Ce qui était très frustrant est que je n’avais pas l’impression de manger de façon déséquilibrée. Pas de grignotage, pas de sucrerie à l’excès, des repas plutôt équilibrés. C’était l’alcool.
L’alcool et le sommeil
A l’arrêt de l’alcool et du sucre, je n’ai pas diminué volontairement mes portions, j’ai juste moins faim. Pour moi, je pense que l’alcool et le sucre en consommation régulière déclenchent une sensation de faim toute la journée. L’arrêt de l’alcool rend également le sommeil plus réparateur. De plus, on maigrit quand on dort. A lire, l’excellent livre très bien documenté « Pourquoi nous dormons » par le Dr Matthew Walker
Dans la société
J’ai lu un article d’une diététicienne qui m’a fait bondir sur l’alcool et le surpoids « Ne pas complètement arrêter l’alcool pour ne se pas mettre en frustration » c’est vraiment n’importe quoi ! qui peut écrire une débilité pareille ! L’alcool est responsable de 41000 décès par an toutes causes confondues (cancer, maladies digestives, cardiovasculaires et accidents) ! et on inciterait les lecteurs à ne pas arrêter définitivement cette toxine sous peine de les mettre en frustration..
Les lobbys
Le déclencheur a été pour moi, qu’après des années à me culpabiliser, j’avais honte de ma faiblesse, un livre audio m’a fait comprendre que cette dépendance n’était pas de mon fait. En effet, tout est fait par les alcooliers pour inciter la consommation. Normal, c’est le fond de commerce de ces lobbys ! Et j’ai commencé à décortiquer et observer mon quotidien (sans arrêter de boire) pour constater où étaient les pièges. Les boissons alcoolisées sont rendues appétentes par les alcooliers et elles sont partout :
elles sont fraiches en été (vin rosé, champagne)
pétillantes (bière, champagne)
jolies (belles bouteilles, élégantes)
sophistiquées (dégustation de vins rares et chers)
conviviales (anniversaires, mariages, retrouvailles)
Alors que l’alcool pur est imbuvable. Il faut arranger le poison pour pouvoir le consommer..
Le déclic
Le déclic a eu lieu quand j’ai bu du rosé chaud quand le frigo du bateau que nous louons est tombé en panne une semaine. Le rosé chaud, c’est immonde ! et je l’ai bu ! pas fière de moi du tout..
J-15
Donc sans arrêter de boire de l’alcool, j’ai observé mes habitudes pendant 15 jours. J’avais mis beaucoup d’automatismes en place au cours des années.
J0
5 trucs pour arrêter de boire définitivement de l’alcool :
- choisir une période calme avec le moins de stress possible
- observer ses habitudes pendant 15 jours tout en continuant à boire
- se persuader que cela va être facile car ça n’est pas une question de volonté, juste d’habitude
- passer les 48 premières heures qui sont les plus délicates car le craving a lieu entre 24 et 48 heures après l’arrêt
- atteindre 15 jours car c’est le temps pour qu’une nouvelle action devienne une habitude
Doit-on faire une annonce générale que l’on arrête : les avis sont partagés. Pour certains, c’est mieux car cela peut susciter des soutiens extérieurs. Moi, j’ai préféré ne pas le faire pour noyer le poisson quand je suis invitée. Si on me propose de l’alcool, je demande de l’eau du robinet à la place, ce qu’en principe tout le monde a.. Et quant à la raison de mon arrêt, les personnes qui m’invitent trouvent la raison seules : « ah c’est toi qui conduit au retour : oui » « ah, tu veux perdre du poids : oui » etc.. sans plus m’étendre, cela coupe court à la polémique et fait gagner un temps précieux. En effet, notre décision est personnelle et pas la peine d’engager une croisade pour convaincre du bien-fondé de notre combat. Chacun fait comme il le souhaite.
Car, tout de même, l’alcool reste malgré tout une drogue légale qui fait l’objet d’une demande de la part des députés pour le ré introduire dans les stades, il est vrai que l’alcool et le sport font particulièrement bon ménage. Mais on marche sur la tête ! Et on mesure la puissance de conviction des lobbys.
63ème jour..
Demain, cela fera 9 semaines que j’ai arrêté, plutôt facilement finalement.
Je recommande à tout le monde cette aventure. Je me sens tellement plus en forme, surtout le matin. Finalement, je n’ai plus peur de ressentir des émotions diverses et finalement pas si dures que cela à vivre !